Plante et importance de la culture au Maroc :
Le haricot filet (
Phaseolus vulgaris L ) est
une plante annuelle, originaire de l'Amérique du Sud et appartenant à la
famille botanique des légumineuses ou papilionacées. La partie
consommée est le fruit (gousse) au stade non encore mûr. Le légume est
riche en protéines, Vitamine A et C et en sels minéraux Ca, Mg, P et K.
Au Maroc, la culture est pratiquée dans le Gharb, Loukkos, Tadla et un
peu partout dans le pays. C'est une bonne culture de diversification,
permettant l'amélioration de la fertilité du sol et la valorisation des
intrants. Dans le Tadla, il ne faut pas la cultiver dans les endroits
salins.
Préférences pédo-climatiques :
La plante est de saison chaude; l'optimum de croissance
est de 17- 25 °C . L'optimum de fructification (nouaison) se situe vers
25 °C . Les exigences en sol sont faibles, mais les sols légers et bien
drainants sont toujours préférés par la culture. La plante présente une
forte sensibilité à la salinité, une faible tolérance à l'excès de Bore
mais une forte tolérance à une carence en Mg. La culture répond bien Ã
un apport de Mn, Zn et de Mo. Le pH optimal du sol est de 5,5-6,8.
Variétés, travail du sol et semis :
Les principales variétés utilisées au Maroc sont ou bien
des variétés naines (plein champ ou tunnels nantais): Morgane; Belna;
Vernandon ou des variétés à rames (adaptées aux serres): Cristal et
Diamant. La propagation est sexuée. Le nombre de graines par gramme de
semence est de 2 à 8. La pépinière n'est pas utilisée; le semis est
toujours direct, en place définitive, en poquets de 2-4 graines (2
graines en sol sableux et 4 graines en sol à croûte de battance). Pour
la culture de plein champ, le semis est effectué de Septembre à Mars
pour les primeurs; d'Avril à Août pour la saison. Sous tunnels nantais
(ou grands tunnels), le semis a lieu de Décembre à Février. La
cueillette commence 2 mois après le semis et dure 2 à 4 mois selon les
conditions du marché et de la culture (soins et entretien). La dose de
semis est de 60 kg/ha en plein champ ou sous tunnels nantais; 20 kg/ha
sous grands tunnels. Le sol doit être bien travaillé et nivelé. En plein
champ, on confectionne des billons. Sous tunnels nantais, on
confectionne des planches surélevées par rapport au sol de 10- 20 cm
selon le risque d'asphyxie des racines (il faut favoriser le drainage
par le modelé du sol). Sous serre, on sème en lignes (sans billonnage si
l'irrigation est par goutte-Ã -goutte; sinon les billons sont
nécessaires). Afin d'exploiter la symbiose Rhizobium-légumineuse, il est
recommandé d'enrober les graines par un inoculum adapté (CIAT 57, par
exemple)., mélangé à la tourbe et à l'eau sucrée. Les laboratoires de
microbiologie peuvent fournir l'inoculum approprié. L'inoculation peut
aboutir à une économie de 40 kg N/ha/cycle cultural. L'arrangement des
plantes sur le terrain est le suivant: En plein champ ou sous tunnel
nantais, on laisse 1 m entre planches ou billons (contenant des
jumelées)x 10 cm entre poquets de 2 graines (ou 15 cm entre poquets de 3
graines). Sous serre, on adopte l'arrangement de 1 m entre jumelées x
15 cm dans la jumelée x 5 cm entre graines ou 10 cm entre poquets de 2
graines. La densité de plantation est en préférence de 20 pieds/m2 sous
serre (si les cueillettes s'échelonnent sur un à deux mois, sinon il est
plus intéressant de doubler la densité de peuplement); 40 pieds/m2 en
plein champ ou sous tunnels nantais. Pour une récolte destructive, il
est préférable d'avoir 60 pieds/m2. Il y a une relation étroite entre la
densité de peuplement et le rendement.
Irrigation :
Le besoin en eau de la culture est de 400 mm en plein
champ (avec le gravitaire) ; 250- 300 mm sous serre (avec le
goutte-à -goutte). L'utilisation du goutte-à -goutte commence à se
généraliser même en plein champ . Elle est nécessaire sous tunnel
nantais pour avoir de bons rendements. La culture ne doit pas subir de
stress hydrique en période florale et post florale.
Fertilisation :
On conseille d'inoculer les semences avec une souche
Rhizobiale adaptée (à demander auprès des laboratoires de microbiologie)
. Il n'est pas conseillé d'apporter une fumure de fond (pas de fumier
car il laisse le sol creux, pas d'engrais de fond car il retarde la
germination des graines). On apporte 10- 20 kg N/ha + 60- 100 kg P2O5 +
200 kg K2O + 20 kg Mg/ha au stade 10 JAL (jours après levée); c'est la
fumure starter qui favorise la fixation symbiotique. Il faut faire une
pulvérisation d'engrais foliaire à base de Mo+Zn+Mn un à deux jours plus
tard. On procède à 2-3 binages avant la floraison (il ne faut pas
déranger les plantes à partir de la floraison). Aux stades 60 et 80 JAL ,
on apporte chaque fois 30 kg N + 30 kg K2O/ha. Si les cueillettes sont
encore prolongées, on fait le même apport au stade 100 JAL.
Principaux ennemis de la culture et méthodes de lutte :
Il y a toute une gamme d'ennemis de la culture: insectes
(pucerons, mouche blanche, mineuse, araignée) , nématodes, maladies
(graisse, rouille, oïdium et différentes pourritures) et virus. La
meilleure lutte est la lutte intégrée, utilisant à la fois des méthodes
culturales (rotation, variétés tolérantes ou résistantes, destruction
des mauvaises herbes...) et biologiques (prédateurs d'insectes). Parfois
la lutte chimique s'impose; il est conseillé de se conformer aux doses
prescrites par le fournisseur afin d'éviter l'utilisation abusive des
produits phytosanitaires et de sauvegarder l'environnement.
Récolte, manipulation du produit et conditions de transport (ou d'entreposage) :
Au moment des cueillettes, il faut faire attention pour
ne pas arracher les plantes en tirant la gousse; il faut d'abord la
couper par l'ongle ou par un sécateur. La meilleure qualité (extra fin :
4- 6 mm de diamètre de section de la gousse) demande des passages
fréquents (parfois 2 fois/jour de cueillette). Le fin (6- 8 mm de
diamètre de section de la gousse) se vend à un prix plus faible. Le
moyen (9- 10 mm de diamètre) n'a pratiquement pas de succès sur le
marché. Le rendement moyen national (extra-fin + fin + moyen) est de
7-10 T/ha en plein champ; 20 T/ha sous tunnels nantais et 25-30 T/ha
sous serre ou grands tunnels. Le produit est périssable. Il est
conseillé de l'acheminer le plus rapidement possible à sa destination.
En cas d'exportation, il est recommandé de grouper les cueillettes du
jour dans un local aéré, abrité et ombragé. Après triage, calibrage et
emballage, le produit doit être transporté soit par avion (extra-fin)
soit par camion frigorifique (à 4 °C et 95 % HR). A des températures
plus basses ou plus élevées ou s'il y a fluctuation de température, le
produit subit un brunissement, d'abord sur les extrémités puis partout
sur la gousse. Il n'est pas conseillé de transporter le haricot filet
dans un même camion que la tomate ou autres produits qui n'ont pas les
mêmes exigences de température et d'humidité relative que le haricot
vert. Lorsque les conditions de conservation sont très favorables, le
haricot vert ne perd de sa qualité qu'après 4 à 5 jours.
Institut Agronomique et vétérinaire Hassan II
Département d'horticulture
Pr Ahmed Skiredj, H. Elattir et A. ElFadl